« Demain les maçons rénoveront plutôt que de construire, les mécaniciens visseront les roues d’un vélo plutôt que de celles d’une voiture… La mobilisation des acteurs de la transition écologique s’opère en conjuguant la création d’emploi et la résilience. »

 

Monsieur Jean Marc Jancovici, président de l’association The Shift Project, introduisait sa présentation de la plus claire des manières :

L’idée est de mettre l’économie en cohérence pour atteindre les objectifs fixés contenant l’augmentation de la température en deçà des 2 degrés d’ici 2050. Par conséquent, baisser les émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 5% par an. Evènement arrivé pour la première fois en 2020 « grâce » à l’épidémie de Covid-19.

Si les sociétés québecoises et Françaises sont différentes, les réflexions menées pour accompagner les mutations de l’emploi en France restent pertinentes pour notre province. C’est la raison pour laquelle nous souhaitions partager ces pistes qui allient transition écologique et création d’emploi.

La mutation de l’activité des personnes induit l’évolution des compétences intersectorielles. Le rapport entre le nombre de poste créés et la compétence constitue la base de cette évolution.

 

Les différents secteurs n’ont pas tous la même attractivité économique mais ils partagent la même volonté d’anticiper la demande de main d’œuvre et la création de postes :

 

• L’agriculture et l’alimentation

La clé de ce secteur est la relocalisation du maraichage dans un secteur géographique plus local pour redynamiser ce secteur. Cela implique une (très) forte augmentation de la main d’œuvre dans le milieu agricole, et bien sûr une perte du nombre d’employés dans le commerce de gros et la transformation des produits.

 

• Le logement

A ce sujet, les volontés gouvernementales sont axées sur la rénovation. Ainsi, la part des actifs de la construction neuve baissera de manière importante. L’objectif est de compenser ces pertes par la formation et l’attractivité du milieu de la rénovation. La rénovation en second œuvre, l’économie circulaire et le choix de matériaux biosourcés donne un nouveau souffle au secteur du logement. Ces actions amènent la suppression de 100 000 postes en France.

 

• L’industrie de l’automobile et du vélo

L’industrie de l’automobile thermique doit céder sa place à d’autres industries, celle de la voiture électrique ou celle du vélo. La mutation des compétences est un point clef de l’évolution de cette industrie. Le vélo prend de plus en plus de place dans notre quotidien : devenu un véritable outil de déplacement et de livraison sur courte et moyenne distance, il conditionne une économie à part entière. Les pistes de solutions au Québec se concentrent sur les véhicules électriques. Voir à ce propos le rapport Réglementation de l’énergie au Québec : quelles options pour accélérer la transition énergétique et la décarbonation ? écrit sous la direction de Johanne Whitmore et de Pierre-Olivier Pineau de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.

 

• Fret

Le transport des marchandises est impacté négativement sur le plan routier. Cependant, le développement du transport ferroviaire, fluvial et de la cyclo logistique, permettra de créer davantage de postes qu’il en a sera supprimé.

L’approche systémique de The Shift Project passe par la volonté de métamorphoser 800 000 emplois pour en créer 300 000 supplémentaires en France. Si les chiffres seront probablement différents au Québec, les actions proposées pourraient inspirer les acteurs d’ici.

[1] : Principaux mécanismes de créations et destructions d’emplois (Quirion 2013)

 

 

Ces actions seront réalisées en donnant les moyens à l’intégration des acteurs dans la dynamique de transition de l’emploi de demain. Bien sûr, cette transformation passe par la mobilisation des acteurs entre eux, quel que soit leur corps de métier. C’est pour cela que nous souhaitons diffuser ces réflexions : merci de votre mobilisation !

 

Bibliographie :

[1] Schéma tiré du rapport intermédiaire « L’EMPLOI : MOTEUR DE LA TRANSFORMATION BAS CARBONE ». Lui-même tiré de : P. Quirion, « L’effet net sur l’emploi de la transition énergétique en France : Une analyse input-output du scénario négaWatt », CIRED Working Papers, p. 41, avr. 2013